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Retour d'expérience : "la parole aux 18-28"

J’ai eu la chance de pouvoir participer à « La Parole aux 18-28 », événement organisé par le Cercle des Économistes : un cercle de réflexion qui vise à réunir des acteurs du monde économique et des jeunes pour qu’ils échangent sur de grands thèmes d’actualité. Cette année, le thème désigné était « Renouer avec la confiance » et la contribution écrite que j’ai rédigée sur le sujet a été une des 6 sélectionnées parmi de nombreuses autres. Cette sélection m’offre l’occasion d’interviewer un acteur du monde économique sur les antennes de RTL, partenaire du Cercle, lors des Rencontres Économiques qui se déroulent du 4 au 7 juillet. Mais avant cela, j’ai pu découvrir les locaux de RTL à Paris et être briefé sur le déroulé d’une telle interview : il me fallait devenir « journaliste d’un jour ».

Ainsi, mon rôle lors de cette visite de RTL était donc de m’inspirer des professionnels pour me préparer à passer de spectateur à acteur ; j’allais voir les coulisses de la radio. Arrivé à 6h30, on se rapproche de la fin de l’édition de 4h-7h, en préparation depuis 1h30 du matin. Les yeux rivés sur un texte écrit aussi gros que nécessaire, chaque journaliste chasse hésitations et blancs au sein d’une mécanique bien huilée et chorégraphiée à la seconde. 6h58 est arrivé, la météo vient clôturer le bal des lève-tôt en attendant la relève par la matinale de 7h-9h30. Petit incident : 38 secondes de retard pour la relève, cela vaudra un nom d’oiseau en off pour le collègue nonchalant et une météo qui s’éternise en pleine improvisation. J’en retiens alors un premier commandement que je n’imaginais pas à ce point nécessaire : même si tout est réglé comme une horloge, par l’improvisation à toute circonstance tu répondras.
Le mouvement est continu au sein d’une radio ; dans l’autre studio, les allers et retours s’enchainent dans un effort d’exclusion des bruits parasites, ne laissant de place que pour les indications du chef d’orchestre en régie à l’imperturbable chroniqueur, focalisé sur 15 lignes à prononcer en 45 secondes ; j’étais frappé par la sérénité de celui-ci malgré des perturbations inéluctables. Quand vient la minute et demie de publicités, la tension se relâche en un instant : « Comment vont les enfants ? Tu connais cette blague ? Tu pars où en vacances ? ». 1 minute 19 secondes sont passées, une gorgée d’eau, un regard vers la régie et la concentration revient. Les deuxième et troisième commandements sont évidents : sur les indications de ta régie tu te focaliseras, et naviguer entre concentration et relâchement tu devras.

9h est arrivé, son torrent d’actualités aussi, une réunion quotidienne de hiérarchie des actualités s’impose alors que nous suivons les débats entre éditorialistes de près : Platini ? Balkany ? Le chauffard de Lorient ? Le programme est fixé, il est alors temps de sortir les téléphones et d’éplucher les répertoires pour chacun, à la recherche de l’invité enrichissant l’actu. Un quatrième commandement s’impose : un riche répertoire de potentiels invités tu te forgeras.

Je n’en verrai hélas pas plus, mais c’était amplement suffisant pour constater que la radio est une véritable horloge : chaque aiguille tourne séparément à un rythme déterminé mais pour former un tout chorégraphié, et lorsque l’une des aiguilles se dérègle, la régie vient mettre sa main dans la machine et tout recalibrer. De toute façon, tout potentiel dysfonctionnement a sa solution, où l’improvisation reprend ses droits : le succès de l’audience exige une justesse absolue.

Après de multiples briefings et avoir passé des heures à retoucher des questions qui de toute façon ne me paraitront jamais assez abouties, est venu le moment de s’installer derrière le micro. J’ai eu la chance d’interviewer Madame la Présidente de la RATP, Catherine Guillouard : sa décontraction est palpable et met en confiance. Bénédicte Tassart me donne alors la parole : une question sur la transition énergétique, les conflits de communautarisme entre les employés, la présentation de véhicules volants autonomes comme futurs moyens de transport… stop ! L’antenne est impitoyable et laisse ce goût étrange entre excitation satisfaisante d’avoir été considéré et écouté, et frustration légitime de ne pas avoir posé toutes les questions souhaitées.

Reste tout de même le sentiment de gratitude d’avoir fait face à un interlocuteur recevant volontiers les questions provocatrices et qui dans son attitude « rock’n’roll » laissait toute sa place à une complicité : loin d’un interrogatoire, plutôt une discussion. On ne peut non plus oublier la délicieuse sensation d’avoir été pris au sérieux dans mes sujets d’interrogation : c’était un vrai dialogue avec un écho inouï pour un jeune étudiant, et non une attraction de foire. Pour finir, l’encadrement de RTL et du Cercle m’a fait refaire un nombre considérable de fois mes questions, pour au final se voir modifié dans leur formulation et parfois dans leur fond au moment de les exposer à l’antenne : quel comble !

Jean-Baptiste ROUX

Podcast : https://www.rtl.fr/emission/le-journal-inattendu/le-journal-inattendu-du-06-juillet-2019-7797993684